Histoire

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Histoire du cloître de la cathédrale de Fréjus

Édifié au XIIIᵉ siècle, le cloître constitue, avec le palais épiscopal (Vᵉ-XVIᵉ siècles), la cathédrale (Vᵉ-XVIᵉ siècle) et le baptistère (Vᵉ siècle), l’un des éléments principaux formant le groupe cathédral de Fréjus. Restauré entre 1920 et 1932, il représente un témoin remarquable de l’histoire médiévale de la Provence.

Seize siècles d’histoire

Aux origines…

Construit entre les Ve et XVIe siècles à l’emplacement de la cité antique de Fréjus, l’ensemble cathédral regroupe quatre bâtiments : le palais épiscopal (transformé aujourd’hui en Hôtel de Ville), la cathédrale, le baptistère et enfin l’ensemble canonial dont fait partie intégrante le cloître.

Ce dernier était un lieu de passage permettant de desservir les différents bâtiments, il n’était donc pas un lieu de recueillement.

La première preuve de la présence d’une communauté chrétienne à Fréjus remonte au concile de Valence en 374. Cependant, l’ensemble cathédral n’apparaît avec son architecture caractéristique actuelle qu’au cours du Ve siècle.

Le baptistère de Fréjus est l’un des plus anciens de France. Il date du Ve siècle comme l’attestent les fouilles archéologiques qui ont été menées sur le site.

Une légende attribue la toute première cathédrale à Léonce, évêque de Fréjus qui serait à l’initiative de l’installation d’Honorat  et du monachisme  sur l’île de Lérins, près de Cannes.

Le groupe épiscopal a été élevé sur un site remarquable de Fréjus, à la jonction de deux axes antiques et a aussi respecté dans ses premières lignes celles de l’urbanisme antique.

Avant le XIIIe siècle, les évêques de Fréjus n’avaient pas les moyens d’entreprendre des modifications importantes sur l'ensemble cathédral. C’est ce qui a probablement contribué à conserver ce qu’ils ne pouvaient pas remplacer et qui permet aujourd’hui d’admirer ces témoignages du passé.

Cathédrale Saint-Léonce de Fréjus, cloître

© Philippe Berthé / Centre des monuments nationaux

Au XIIIᵉ siècle, le cloître…

La construction des bâtiments canoniaux intervient à la suite de différends qui opposaient l’évêque de Fréjus au chapitre des chanoines  au sujet de la répartition des droits seigneuriaux. En 1180, un arbitrage sépare les biens des deux partenaires. À partir de ce moment, les chanoines ont besoin de bâtiments pour se loger et entreposer les denrées (céréales et vin pour l’essentiel) qui constituent la majeure partie de leurs revenus. Ils choisissent de s’installer au nord de la cathédrale, dans un espace alors utilisé comme cimetière.

Les bâtiments canoniaux sont au nombre de quatre : le bâtiment du prévôt , la salle capitulaire , le grenier et le cellier. Ils s’organisent autour d’un cloître, espace clos largement ouvert au public qui empruntait ses galeries pour accéder à la cathédrale. Le cloître de Fréjus n'était donc pas un lieu silencieux, dédié à la prière.

Dans son état primitif, le cloître ne comportait que quatre galeries en rez-de-chaussée, couvertes de voûtes d’arêtes  ou d’ogives . Le plafond que vous apercevez aujourd’hui est daté de la moitié du XIVe siècle. La nécessité d’accéder aux différents espaces d’habitation du 1er niveau est à l’origine de la construction de galeries hautes dont l’accès était assuré par un escalier imposant à deux volées, adossé au bâtiment au Nord. 

Cathédrale Saint-Léonce de Fréjus, cloître

© Philippe Berthé / Centre des monuments nationaux

Les plafonds peints du cloître, un témoin médiéval exceptionnel

Un décor peint couvrait alors les plafonds des galeries basses et une partie des murs. Ce qui en subsiste aujourd’hui interpelle : ce sont des planchettes de bois (appelés closoirs) qui composent un plafond peint médiéval remarquable par son iconographie.

Cathédrale Saint-Léonce de Fréjus, cloître, plafond

© Philippe Berthé / Centre des monuments nationaux

Les transformations après la Révolution

L’ensemble canonial subit de nombreuses transformations à la Révolution. Il est vendu aux enchères comme bien national en 1793 à des particuliers.

L’espace entre les colonnettes du cloître est muré pour transformer les galeries en logements et construire un troisième niveau.

Au XIXe siècle, les architectes des monuments historiques alertent sur l’état de délabrement du cloître et la nécessité d’une restauration. Prosper Mérimée, en 1854, signale l’existence et l’intérêt « des deux galeries partiellement visibles dans l’enchevêtrement de constructions qui forme l’îlot attenant au nord de la cathédrale ». Le cloître est inscrit sur la liste des monuments historiques en 1862. Le rachat du cloître par l’État est engagé en 1892 et aboutit en 1920. Les travaux de restauration entrepris dès 1921 lui ont redonné son volume d’origine.

Cette petite incursion dans l’histoire du cloître de Fréjus vous a donné envie de le visiter ?

Cathédrale Saint-Léonce de Fréjus, porte méridionale

© Philippe Berthé / Centre des monuments nationaux